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Après avoir obtenu mon Baccalauréat, une amie de ma mère, elle-même sage-femme, m’avait orientée vers les études de cette profession. Trois ans plus tard, j’ai été affectée dans une zone rurale, où j’ai pris la responsabilité de mon premier accouchement.

Hajar, se rappelle particulièrement de ce moment émouvant qui a marqué le début d’une expérience passionnante de 11 bonnes années. Aujourd’hui, elle nous raconte son histoire.

La profession de sage-femme est devenue ma passion. Je suis remplie de bonheur et de fierté pour cette relation spéciale que j’ai la chance de tisser avec les femmes dans ces moments de fortes émotions.

Les sages-femmes sont dévouées et font un travail qui peut sauver d’innombrables vies de femmes et de nouveau-nés dans le monde. En effet, chaque année, 340,000 femmes continuent de mourir pendant la grossesse et l'accouchement et 3 millions de bébés ne survivent pas au premier mois de vie.

Plus des deux tiers de ces décès maternels et néonatals auraient pu être évités s’il y avait un nombre suffisant de sages-femmes qualifiées, bénéficiant de ressources adéquates à travers le monde.

Au Maroc aussi, près des trois quarts des décès maternels sont évitables (selon les données de 2010 de l’enquête audit confidentiel sur les décès maternels). Par ailleurs, plus que les deux tiers de ces décès se produisent en milieu rural (ENPSF 2018), là où les sages-femmes agissent comme agentes de proximité.

Le rôle de la sage-femme est clé dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile. Son intervention ne se limite pas à l’obstétrique mais la dépasse pour une couverture plus complète de la santé sexuelle et reproductive.

Cette année, le monde célèbre le 25ème anniversaire de la Conférence Internationale pour la Population et le Développement (CIPD). Tenue au Caire en 1994, la CIPD a établi les droits reproductifs comme des droits humains fondamentaux.

Aujourd’hui, plus que jamais, les progrès réalisés doivent être accélérés en vue d’honorer les promesses faites au Caire et atteindre par-là l’agenda 2030 et ses objectifs de développement durable.

De nombreuses sages-femmes subissent une grande surcharge de travail et défient des conditions difficiles, compromettant parfois leur sécurité personnelle. Malgré cette situation, les sage-femme ne baissent pas les bras. Mais, pour leur permettre d’assurer une prise en charge de qualité, plus d’investissements sont nécessaires dans le sens de les autonomiser, les protéger et améliorer leurs conditions de travail.

Une sage-femme qui dispose de locaux adéquats, d’une installation convenable et de moyens techniques suffisants peut mieux accompagner les femmes avant, pendant et après l’accouchement.

La sage-femme agit également pour sensibiliser et conseiller en matière de Santé Sexuelle et Reproductive, d’allaitement maternel et de soins des nouveau-nés. Elle joue également un rôle dans la mise en confiance, le soutien et l’orientation des femmes et filles survivantes à la violence

La sage-femme a un champs d’intervention très large. Il ne se limite pas à l’acte de l’accouchement. Elle assure ainsi également le diagnostic, le suivi de la grossesse, le suivi de l’enfant, la vaccination, le postpartum et l’accompagnement psychologique et physique de la femme.

Il est primordial de reconnaitre la pratique sage-femme comme une profession autonome pour que les sages-femmes puissent acquérir les compétences requises et fournir les soins nécessaires pour améliorer la santé et le bien-être des femmes et des filles.

Le métier de sage-femme m’a beaucoup appris, en particulier la capacité à garder mon calme et de gérer mon stress devant les situations difficiles. Le contact quotidien avec les femmes et les familles a aussi forgé mes capacités en communication et de gestion des émotions.

Les soins de qualité de la profession de sage-femme sont respectueux et axés sur les besoins des populations, et ces soins sans risque sont prodigués par des sages-femmes bienveillantes.

Il y a une dizaine d’années, de fortes inondations avait frappées la région avoisinant la maison d’accouchement où je travaillais. L’état du pont qui desservait le village ne permettait pas de transporter une femme qui accouchait de son premier enfant. J’ai dû alors la rejoindre à son domicile, munie du kit d’accouchement. Je ne sais pas par quel miracle j’ai pu traverser ce pont. Non seulement les routes étaient coupées, mais il y avait aussi une panne générale du réseau et de l’électricité. Malgré tout cela, j’ai veillé à ce que l’accouchement se passe dans les meilleures conditions. La femme et son nouveau-né s’en sont sortis en bonne santé.

Toutes les femmes et toutes les filles ont le droit d'avoir accès aux soins de haute qualité, dispensés par une sage-femme formée et qualifiée.  La sage-femme accompagne et conseille les femmes et les filles, en agissant en proximité avec la population.

Pour cela, UNFPA agit en collaboration avec plusieurs partenaires pour soutenir la formation des sages-femmes et des investissements plus importants pour accroître leur nombre et améliorer la qualité et la couverture de leurs services.

Hajar poursuit aujourd’hui ses études de doctorat en biologie et santé à la faculté des sciences et rêve de devenir professeur de l’enseignement supérieur dans le domaine des sciences de la sage-femme. Elle s’active aussi dans sa région en tant que membre d’une association de sage-femme pour l’amélioration des conditions de travail et le soutien de ses paires.