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Nezha n’avait que 6 ans quand elle a été envoyée chez une famille pour le travail domestique. Son père, qui l’y avait placée, récupérait son revenu pour nourrir ses autres enfants.

À 6 ans, je suis devenue responsable pour nourrir toute ma famille.

Exploitée et battue, Nezha n’est par ailleurs jamais allée à l’école, elle n’avait ni vacances ni temps libre.

Petite fille, je m’occupais déjà d’autres enfants.

La loi 19-12 entrée en vigueur le 2 octobre 2018, réglemente aujourd’hui le travail domestique. Pourtant, elle prévoit une période transitoire de 5 ans où le travail domestique des enfants âgés entre 16 et 17 ans sera toujours permis.

Le travail des enfants prive les petites filles de jouir de leur droit à l’éducation, impacte leur santé, limite leur potentiel et les laisse en proie au mariage d’enfants.

Si, Nezha a fui le destin du mariage précoce que ses sœurs ont subi, elle n’a pas pu éviter une grossesse non désirée avant de se marier.

Une partie du problème réside dans l’accès limité des jeunes à une éducation sexuelle complète et à l’information concernant leur santé sexuelle et reproductive, ce qui laisse les jeunes, en particulier les adolescentes, dépourvus des connaissances nécessaires pour éviter les grossesses non désirées.

Les jeunes ont également un accès limité aux services de santé sexuelle et reproductive adaptés à leurs besoins et attentes.

 Nous voulions nous marier mais nos deux familles se sont opposés au mariage.

Au Maroc, les mères célibataires sont souvent très stigmatisées. Pourtant, la société tolère la grossesse des adolescentes dans le cadre du mariage. Selon l'enquête nationale sur la population et la santé familiale conduite en 2018, sur 1000 jeunes filles mariées entre 15 et 19 ans, 19 deviennent mères. En milieu rural, ce chiffre atteint 32 pour 1000.  

Après son accouchement, Nezha a été abandonnée par son partenaire et par toute sa famille.

Je me suis retrouvée toute seule et ne savais pas où aller. J’étais complètement perdue !

Livrées à elles-mêmes, beaucoup de jeunes filles enceintes hors mariage ont recours aux avortements à risque. Et, si leurs tentatives échouent, beaucoup sont contraintes à abandonner leur enfant.

Nezha a décidé de garder son enfant. Elle a été orientée vers un centre d’hébergement des femmes survivantes à la violence, où elle a été accompagnée pour reconstruire son avenir.

Le Centre m’a offert une famille, des amies, l’appui et aussi l’opportunité d’apprendre un métier qui me permet aujourd’hui de voler de mes propres ailes.

L’UNFPA appuie le renforcement de la disponibilité et de l’accès à des services essentiels, y compris les services sociaux de qualité, nécessaires à l’autonomisation des femmes survivantes à la violence.

L’UNFPA agit également en partenariat avec le ministère de l’éducation, le ministère de la santé et la société civile pour améliorer l’accès des jeunes aux informations relatives à leur santé sexuelle et reproductive et renforcer leurs habiletés de vie.  

Aujourd’hui, Nezha a repris le contact avec sa mère et quelques membres de sa famille et rêve de lancer son propre projet. Elle a inscrit sa fille de 3 ans à la maternelle et est fortement animée par le désir qu’elle aille jusqu’au bout de ses études.