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Les 16 années qui se sont écoulées n’ont pas suffi à effacer l’image horrifique qui a bouleversé Halima. Dans la salle d’accouchement, cette sage-femme a fait le constat alarmant que la femme migrante qu’elle devait assister a subi des mutilations génitales féminines.

« C’était une expérience douloureuse » se rappelle Halima, aujourd’hui exerçant à la maternité les orangers de Rabat.

Les mutilations génitales féminines sont une pratique qui consiste à altérer ou léser les organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales. Elles sont reconnues au niveau international comme une violation extrême des droits des femmes et des filles. On estime que plus de 200 millions de filles et de femmes en vie aujourd'hui ont subi des mutilations génitales féminines sous une forme ou une autre.

En 2015, la lutte contre les mutilations génitales féminines a été incluse dans les Objectifs de développement durable sous la cible 5.3, qui appelle à l'élimination de toutes les pratiques préjudiciables.

Cependant, les mutilations génitales féminines restent répandues. L’UNFPA estime qu'environ 4,6 millions de filles pourraient subir cette pratique chaque année d'ici 2030, à moins que les efforts pour éliminer ces mutilations soient intensifiés.

Entre 2020 et 2022, la COVID-19 a accru la vulnérabilité des femmes et des filles, et particulièrement de celles risquant de subir des mutilations génitales. L’UNFPA estime qu’à cause de cette pandémie, 2 millions de cas supplémentaires de mutilations génitales féminines pourraient avoir lieu dans les dix prochaines années.

Les mutilations génitales féminines sont profondément ancrées dans les normes sociales et culturelles dans de nombreuses régions du monde. Dans certaines sociétés, elles sont considérées comme un rite de passage ; dans d’autres, comme une condition préalable au mariage.

Les mutilations génitales féminines sont parfois perçues comme un élément important de la culture ou de l’identité, il peut être difficile pour les familles de décider de ne pas y soumettre leurs filles. Les personnes qui rejettent ces pratiques s’exposent parfois à la condamnation ou à l’exclusion.

Bien que non existante au Maroc, la pratique des mutilations génitales féminines est de plus en plus préoccupante. Halima comme de nombreux autres professionnels de santé se trouvent confrontés à ses conséquences dévastatrices qui affectent les femmes et les filles migrantes.

« Je me rappelle que l’accouchement était difficile. Cette femme avait beaucoup saigné. » raconte Halima.

Les mutilations génitales féminines provoquent de nombreux dégâts. Cette pratique peut entraîner des complications de santé à court et à long terme, notamment des douleurs chroniques, des infections, un risque accru de transmission du VIH, l’anxiété et la dépression, des complications lors des accouchements, l’infertilité, et dans le pire des cas, la mort.

Malgré l’hémorragie, Halima et l’équipe médicale ont réussi à sauver la femme et son nouveau-né.

« Il est nécessaire d’abandonner cette pratique qui laisse des séquelles indélébiles aussi bien pour les femmes et les filles qui la subissent que pour les professionnels de santé qui se trouvent confrontés à ses conséquences » ajoute Halima.

Au Maroc, l’UNFPA appuie les efforts des partenaires institutionnels et de la société civile pour renforcer la génération de connaissances sur plusieurs domaines liés à la population et au développement, y compris la santé maternelle, la santé sexuelle et reproductive et l’égalité de genre. L’UNFPA s’emploie également à promouvoir la qualité des services de santé reproductive, notamment à travers le renforcement du rôle des sages-femmes ainsi que pour promouvoir l’égalité des sexes et la lutte contre la violence et les pratiques néfastes à l’égard des femmes et des filles.

Au niveau mondial, l’UNFPA contribue à renforcer les services de santé afin de prévenir les mutilations génitales féminines et de soigner les complications qu’elles peuvent causer. L’agence travaille avec des organisations de la société civile qui se consacrent à l’éducation communautaire et organisent des séances de dialogue sur les questions que posent ces pratiques en matière de santé et de droits fondamentaux. Elle collabore par ailleurs avec des leaders religieux et traditionnels en vue de dissocier les mutilations génitales féminines de la religion, et de susciter le soutien de leur abandon. Enfin, l’UNFPA intervient auprès des médias afin d’encourager le dialogue concernant cette pratique et de faire évoluer les mentalités vis-à-vis des filles non excisées.

L’UNFPA et l’UNICEF dirigent aussi depuis 2008 le plus important programme mondial visant à l’abandon des mutilations génitales féminines. Mis en place dans 17 pays, le Programme conjoint a aidé plus de 6 millions de femmes et de filles à bénéficier de services de protection et de soins spécialisés pour les mutilations génitales féminines. Quelque 45 millions de personnes dans plus de 34 659 communautés, situées dans 15 pays présentant une forte prévalence des mutilations génitales féminines, ont fait des déclarations publiques pour leur abandon.