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La pandémie du COVID-19 a fait basculer Saida Bahi dans l’inactivité comme beaucoup de personnes.  Elle, qui a travaillé pendant plus de 16 ans comme responsable de production dans une entreprise à Tanger, s’est retrouvée du jour au lendemain dans la difficulté. « Cette situation m’a poussé à créer avec des amies, une coopérative spécialisée de distillation des plantes aromatiques, des huiles essentielles, des parfums naturels, des bougies naturelles à base de cire d’abeille et de soja », explique-t-elle. 

Le choix n’est pas fortuit pour cette biochimiste de formation et spécialiste de fabrication de savons naturels. Mais le démarrage a été difficile surtout avec le ralentissement d’activité de vente  lié aux périodes de confinement.  « C’est grâce à tout l’appui en matière de suivi, de formation sur le commerce électronique et le renforcement des capacités qu’il nous est possible de mieux vendre nos produits pour gagner en autonomie financière », confie cette mère de famille. Aujourd’hui, elle nourrit l’ambition d’acheter une machine de distillation moderne pour augmenter la production. Mieux encore, Saida compte délocaliser l’activité à Melloussa dans la région de Tanger pour produire ses propres matières premières, créer une savonnerie traditionnelle et développer la recherche scientifique dans les cosmétiques inspirés de la nature. 

Cette action mise en oeuvre par l’Union de l’Action Féministe (UAF), dans le cadre du Projet ACCESS appuyé par l’UNFPA et soutenu par le Ministère des affaires étrangères du Danemark, donne son appui aux femmes qui ont été lourdement impactées par la crise du COVID-19 afin de leur assurer de retrouver leur autonomie financière.

Zaïna Moro a aussi vu son quotidien chamboulé par la crise du COVID-19. Cette sexagénaire qui a travaillé depuis l’âge de huit ans dans le tissage de tapis, s’est retrouvée sans ressources dans son village Had Al Gharbia dans la région de Tanger. 

"J’ai toujours bien gagné ma vie en tissant des tapis. Je formais aussi les filles et les femmes du village. Je formais même les ouvrières pour le compte d’une usine de tissage dans la région. Mais avec le coronavirus, nous avons vécu une période difficile et je n'avais même pas de quoi acheter le fil pour produire un tapis et le vendre", raconte cette grand-mère. Elle confie trouver son salut et celui de sa famille dans l’appui du projet. 

"Je reçois l’appui financier pour acheter la matière première et je bénéficie aussi des formations. Je ne sais ni lire, ni écrire mais aujourd’hui je sais appeler mes clients au téléphone et même leur envoyer par whatsapp des photos que je prends de mes tapis. Je vends mieux directement et dans les foires", ajoute-t-elle.

Comme Saïda et Zaïna, plusieurs coopératives de femmes ont pu faire face aux conséquences de la crise du COVID-19 grâce au précieux appui financier baptisé “chèque khadamate”. “Cet appui a pour objectif de les aider à acheter la matière première et le matériel de fonctionnement  pour relancer leurs activités. Elles ont aussi bénéficié de formations sur le leadership, le développement personnel et ont été initiées aux concepts d’alphabétisation numérique, l’utilisation des réseaux sociaux et d’internet pour accéder aux services du e-commerce existants“, explique Fathiya Saïdi, Secrétaire Générale de l’UAF. Ces actions, précise-t-elle, couvrent les régions de Tanger-Tétouan, Fès-Meknès et Marrakech-Safi. 

Une série de formations ont été conduites dans ce cadre en se basant entre autres, sur des infographies à caractère pédagogique sur l'alphabétisation numérique créées afin de réduire les barrières d’apprentissage des femmes des coopératives et leur offrir la possibilité de connaître le fonctionnement du e-commerce et des réseaux sociaux pour promouvoir une activité économique durable. Ces supports ont été utilisés aussi à l’occasion des ateliers de formation au profit d’une centaine de femmes actives, de femmes leaders, et même des femmes survivantes à la violence.  

"Le premier axe est l’autonomisation économique et sociale des femmes vulnérables, des femmes actives et des coopératives alors que le second axe se décline en implication des étudiants des cliniques juridiques dans l’alphabétisation numérique des femmes actives pour favoriser l’accès au marché du travail", précice Madame Saïdi.

Ces histoires humaines et témoignages sont extraits du premier numéro de la revue “Résilience : continuité des services essentiels et autonomisation des femmes et des filles en siatuation de vulnérabilité” à paraître bientôt sur l'impact du Projet ACCESS mis en œuvre au Maroc avec l'appui de l'UNFPA et le soutien du Ministère des Affaires Etrangères du Danemark.