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Pour plusieurs femmes survivantes à la violence, sortir du gouffre est une question de transformation. Se libérer de la peur et se donner du courage est un processus qui permet à de nombreuses femmes de reprendre leur vie en main.

Pour cette fin, UNFPA appuie plusieurs initiatives associatives agissant au Maroc pour permettre aux femmes et aux filles de réaliser leur plein potentiel.

Amina, le triomphe sur la peur

Le mariage d’enfant auquel la petite Amina a échappé malgré une forte pression familiale, l’a vite rattrapé quelques années plus tard pour qu’elle se trouve épouse à l’âge de 13 ans. « Je me sentais comme un fardeau dont on voulait s’en débarrasser à tout prix…On m’a offert à lui et il n’a cessé de me le lancer au visage » se souvient-elle. Amina qui a cherché le soutien dans le Centre Batha pour se reconstruire a vécu une longue histoire de violences. Mariée très jeunes, elle a aussi eu un enfant et divorcé au bout de son 15ème anniversaire. Fuyant la pauvreté dans un autre mariage n’a fait qu’empirer sa situation. Elle a subi la violence conjugale pendant deux décennies avant d’avoir enfin le courage de s’en sortir. « J’avais peur parce qu’il me suivait jusqu’au centre. Mais les responsables me rassuraient. On m’a écouté et j’ai pu voir un psychologue et une avocate. On m’a conseillé et surtout on m’a redonné confiance en moi ». Amina sait que la bataille n’est pas encore terminée mais elle est plus déterminée que jamais à prendre son avenir en main.

Dounia, le regain de confiance

« Il était jaloux, violent et me battait tout le temps » nous confie Dounia en parlant de son conjoint qu’elle venait de quitter. Pourtant, il y a 8 ans, Dounia était une jeune pleine d’espérances. « Je suis tombé amoureuse de lui dès le premier regard. Il était grand et sportif et je pensais qu’il allait me protéger. » affirme-t-elle avec regret.

Pendant toutes les années de son mariage, Dounia a été confrontée à la violence de son conjoint. Elle a aussi beaucoup souffert parce qu’il refusait de travailler. La naissance de deux filles n’avait rien changé à cette situation. Et, puis un jour, en pleine crise du COVID-19, Dounia se trouve dans la rue avec les filles après une violente dispute. C’est ainsi qu’elle a cherché l’appui au centre Batha. Hébergée au Centre avec ses filles, Dounia tente de se reconstruire. Vivre dans le regret n’est plus une option. Avec l’appui psychologique et social, elle pourra reprendre sa vie en main et envisager son avenir avec plus de confiance.

Drissia, le changement transformationnel

Comme plusieurs usagères du Centre Batha, Drissia s’est transformée en militante engagée pour les droits des femmes. Elle s’active avec d’autres femmes dans le groupe baptisé « Wellina monadilates » [Nous sommes devenues militantes], pour dénoncer la violence, briser le silence et accompagner les nouvelles venues dans leur quête d’autonomisation. « On dit aux femmes battues qu’elles ont des droits et qu’elles ne doivent pas céder à la violence et à la peur. Comme les femmes ont généralement peur d’aller au tribunal et de rencontrer et croiser le regard de l’agresseur, on crée une chaine de femmes qui l’accompagne dans cette démarche et la protège de toute intimidation et ça marche ».  Elle souligne que soutenir ces femmes est un devoir. « Chacune a son histoire, mais on est toutes passées par la même prison, la même spirale de la violence et souffrance avant de reprendre la liberté ou y laisser sa vie ».

Ces histoires de réussites inspirantes rejoignent le travail d’appui de UNFPA à l’association Initiatives pour la Protection des Droits des Femmes (IPDF) pour renforcer la prise en charge des survivantes à la violence basée sur le genre, notamment à travers le Centre multifonctionnel « Batha » pour l’autonomisation des femmes, que l’association gère depuis 2009.

Le travail conjoint est aujourd’hui appuyé dans le cadre du projet de « Promotion des Droits à la Santé Sexuelle et Reproductive des femmes et des filles et de l’Égalité des genres au Maroc » mis en œuvre avec le soutien de Affaires Mondiales du Canada.

Au-delà de la capitalisation sur l’expérience du centre Batha, le travail conjoint s’est aussi axé sur la prévention de la violence basée sur le genre par des actions de sensibilisation et de plaidoyer pour les droits des femmes. L’action s’est aussi consacrée à promouvoir la culture de l’égalité et à accompagner les réformes législatives adoptées en la matière.

Ces histoires humaines et témoignages sont extraites de la revue “Empreintes féminines : des femmes marocaines nées pour être battantes” éditée sur l'impact du projet de « Promotion des Droits à la Santé Sexuelle et Reproductive des femmes et des filles et de l’Égalité des genres au Maroc » mis en œuvre avec le soutien du Ministère des Affaires Mondiales du Canada.