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16 jours d’activisme : Soutenir les survivantes à la violence et lutter contre le mariage d’enfants

16 jours d’activisme : Soutenir les survivantes à la violence et lutter contre le mariage d’enfants

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16 jours d’activisme : Soutenir les survivantes à la violence et lutter contre le mariage d’enfants

calendar_today 05 Décembre 2022

16 jours d’activisme : Soutenir les survivantes à la violence et lutter contre le mariage d’enfants
16 jours d’activisme : Soutenir les survivantes à la violence et lutter contre le mariage d’enfants

Lalla Khadouj se souvient que le jour du mariage de sa fille était le plus beau jour de sa vie. Elle croyait que la vie lui souriait enfin. Hélas, un drame allait quelques temps plus tard chambouler sa vie.

L’histoire de Lalla Khadouj est celle de beaucoup de femmes de ce Maroc profond qu’on arrache à leur enfance pour devenir des épouses et des mères à un âge très jeune. Elles sont destinées dès leurs naissances aux mariages, souvent précoces, arrangés, voire forcés. « J’ai pu aller quelques années à l’école primaire mais je savais qu’à n’importe quel moment, ma famille peut me garder à la maison. Et on a fini par le faire très tôt à cause de mes crises d’épilepsie », raconte Lalla Khadouj.

La famille avait peur pour cette fille qui pouvait s'évanouir à n’importe quel moment là où ses pieds la mènent à l’école ou dans la rue. Elle a fini par la donner au premier qui a frappé à sa porte à l’âge de 16 ans. Croyant la protéger, la famille de Lalla Khadouj ne s’est pas douté qu’elle allait subir le viol conjugal, les violences verbales et les corvées domestiques pendant toute une année, à l’issue de laquelle elle reviendra divorcée avec un enfant dans les bras. En effet, comme toutes les « épouses-enfants » exposées souvent aux grossesses précoces, Lalla Khadouj tombe enceinte dès son mariage et accouche d’une fille. « Mon mari m’a répudiée une année après le mariage à cause de mes crises et c’est aussi par ce que je n’ai pas eu le garçon qu’il attendait ».

Fragilisée par cette spirale de violence, Lalla Khadouj a été rattrapée par ses crises d’épilepsie. Plus de 20 ans plus tard, et peu après le mariage de sa fille, elle a perdu conscience en pleine rue et a découvert qu’elle avait subi un viol à son réveil. Lalla Khadouj se retrouve enceinte et accouche, quelques mois après, d’une fille. « C’est une tache noire. Ma fille se retrouve aussi divorcée à cause de ce drame ».

C’est auprès de l'Association Troisième millénaire pour le développement de l'action associative au sud-est, qui coordonne le réseau ANARUZ, que Lalla Khadouj s’est retournée pour retrouver l’aide. « On ne me juge pas. J’ai été prise en charge pendant la période de COVID-19 on me donne des médicaments, du lait, des couches pour ma fille et des bavettes et surtout on m’écoute et on me comprend ».

Grâce au soutien de UNFPA et l’appui de Affaires Mondiales Canada, des centaines de femmes survivantes à la violence ont été prises en charge par la fourniture des biens et services essentiels, l’accompagnement psychologique et le renforcement des capacités personnelles.

“Ce partenariat nous a permis d’appréhender autrement la pandémie du COVID-19. Outre l’équipement combien précieux de kits et de matériels nécessaires pour le fonctionnement d’un centre d’hébergement de femmes victimes de violences, des affiches et des produits pour permettre aux femmes de faire face à la crise” explique Samira El Bannani Directrice Exécutive.

Des actions d’information, de sensibilisation et de plaidoyer sont ainsi conduites conjointement pour mettre fin à la violence basée sur le genre et aux pratiques néfastes à l’égard des femmes et des filles, notamment le mariage d’enfants.

En appui à la riposte à la crise du COVID-19, l’action conjointe a permis la mise en place d'une ligne téléphonique permanente pour l'assistance aux femmes victimes de violence, en coordination avec les services de police et de justice, ainsi qu’une plateforme numérique, pour l'assistance juridique et pour le soutien psychologique des femmes et des filles en détresse.

Pour enrichir la connaissance sur le phénomène pendant la crise, deux études d’évaluation des politiques publiques ont été conduites au niveau de la région de Daraa Tafilalet sur les gaps en services de prise en charge et d'accompagnement des femmes victimes de violence et la prise en compte de santé sexuelle et reproductive et l’égalité de genre dans le plan de développement de 3 collectivités territoriales.

Dans le cadre de l’Opération SALAMA, des dizaines de kits de protection ont aussi été rendus disponibles pour les femmes survivantes à la violence ainsi que le personnel de santé de la région.

Lalla Khadouj a fait partie de ces centaines de femmes victimes de violence qui, ont pris leur destin en main pour sortir de la spirale de violence, aggravée par les restrictions de déplacements qui ont été édictées pour faire face à la propagation du virus.

L’appui qu’elle a cherché lui a permis d’affronter avec courage sa souffrance et sa peur de se retrouver dans la rue. Lalla Khadouj se fait aujourd’hui aider pour reprendre sa confiance en elle et se prendre en charge.

Pour Lalla Khadouj, sa petite fille représente son espoir pour un avenir meilleur.

Des femmes qui mènent le combat pour les plus vulnérables

Scolarisation des jeunes filles, lutte contre le mariage d’enfants, mobilisation contre les violences faites aux femmes et bien d’autres actions pour les droits des femmes ont toujours été au centre du travail de l’Association troisième millénaire pour le développement de l'action associative au Sud-Est (ATMDAS). Depuis sa création en 1999, l’ATMDAS milite pour la justice et pour un avenir meilleur. Animée par la conviction qu’il faut donner la chance à ceux qui ne l’ont pas, Samira El Bannani poursuit aujourd’hui ce combat avec les militantes et militants de l’association. “Le combat pour les droits des laissés pour compte, le combat de tous ses enfants malmenés, le combat de toutes ces femmes souffrant en silence”, souligne-t-elle. L’association s’est ouverte sur les femmes pour appuyer leur accès à l’information, renforcer leurs capacités et les aider à gagner leurs vies, mais surtout et avant tout, pour libérer la parole. Samira se souvient de la naissance en du premier centre d’écoute des femmes victimes de violences en 2002 et met l’accent sur une collaboration de longue date entre l’association et UNFPA à travers le réseau Anaruz qui a contribué à des progrès marquants pour les droits des femmes aussi bien au niveau local que national.

Ces histoires humaines et témoignages sont extraites de la revue “Empreintes féminines : des femmes marocaines nées pour être battantes” éditée sur l'impact du projet de « Promotion des Droits à la Santé Sexuelle et Reproductive des femmes et des filles et de l’Égalité des genres au Maroc » mis en œuvre avec le soutien du Ministère des Affaires Mondiales du Canada.

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