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De la souffrance à la résilience: des femmes migrantes brisent le silence sur les mutilations génitales féminines

De la souffrance à la résilience: des femmes migrantes brisent le silence sur les mutilations génitales féminines

Histoire

De la souffrance à la résilience: des femmes migrantes brisent le silence sur les mutilations génitales féminines

calendar_today 06 Février 2025

Une femme d'Afrique Subsaharienne souriante
Maryam, une femme survivante à la mutilation génitale féminine

A l’occasion de la journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, marquée le 6 février de chaque année, Cinq (5) femmes migrantes originaires d’Afrique Subsaharienne (Burkina Faso, Côte d'Ivoire et Guinée) et vivant aujourd’hui au Maroc partagent leurs témoignages sur cette pratique néfaste et sur leur mobilisation auprès des populations migrantes pour sensibiliser sur son impact dévastateur.

« C’est avec un couteau qu’une femme âgée est venue nous conduire dans la forêt pour être excisées. »

Mariée aujourd’hui, avec trois enfants, Maryam se rappelle encore de ce souvenir lointain où elle a subi la mutilation génitale féminine.

Maryam n’avait que 8 ans, sa sœur qui a subi le même sort en avait déjà 12.

« Au pays, l’on pratique la MGF quand les filles sont encore très jeunes. Mais, ma mère s’y est longtemps opposée. »

C’est ainsi qu’une tante est venue chercher les filles pendant les vacances scolaires pour les envoyer au village.

« On a saigné pendant trois jours, on est tombées malades et il n’y avait ni traitement, ni médicament. »

Maryam et sa sœur continuent de subir les séquelles de cette pratique néfaste.

« En grandissant, j’avais souvent des douleurs et des infections. Lors des accouchements, j’ai toujours eu des problèmes. Ma sœur, elle, n’a pas fait d’enfants jusqu’à présent. »

Ayant poursuivi ses études en Guinée Conakry, son pays d’origine, Maryam expliquait à ses amies l’impact de la Mutilation Génitale Féminine et les décourageaient de la subir.

« Après ce que j’ai traversé, je décourage toute personne de faire subir les MGF à ses enfants. »

Vivant désormais à Rabat, au Maroc, en compagnie de sa famille, Maryam prend part aux ateliers de partage d’information et de sensibilisation que l’UNFPA appuie dans le cadre de son soutien à la société civile pour mieux informer les communautés migrantes sur l’impact dévastateur de cette pratique préjudiciable.

À plus de 500 km de Rabat, Kadi est aujourd’hui installée à Nador. Venant du Burkina Faso, Kadi a subi la mutilation génitale féminine dans son enfance, car sa famille n’a pas pu résister à la pression.

« Je ne conseille à personne d’exciser sa fille. Cette pratique a détruit ma vie. »

Dans le cadre de l’appui du Projet MPTF Migration, l’UNFPA soutient une large dynamique associative avec des campagnes de sensibilisation, un accompagnement pour l’accès aux informations et services essentiels, y compris les soins et services de santé sexuelle et reproductive et la prise en charge des survivantes à la violence basée sur le genre, ainsi que le renforcement des capacités des femmes migrantes leaders pour un meilleur accompagnement aux survivantes.

Kadi prend aujourd’hui part à ces campagnes de sensibilisation pour une prise de conscience sur les dangers de la mutilation génitale féminine.

« Grâce à l’information et à la sensibilisation, beaucoup d’entre nous n’a plus honte de parler en public pour sensibiliser contre cette pratique »

Georgette participe aussi à ces campagnes de sensibilisation. Cette ivoirienne de 31 ans a miraculeusement réussi à fuir la mutilation génitale féminine.

« On a commencé à me mettre la pression à partir de l’âge de 10 ans. »

Georgette a passé une enfance très difficile car elle a refusé avec sa maman de subir la mutilation génitale féminine. Elle a été stigmatisée pour ne pas être considérée comme une fille digne.

« Dans notre village, notre tradition exige que la femme soit excisée. Quand une femme ne l’est pas, ça fait d’elle une personne horrible. »

Georgette tente de se reconstruire après ce traumatisme, grâce à un accompagnement de proximité.

« Maintenant, je sais où je peux aller pour des services de santé reproductive. »

Mariam a également quitté son pays pour s’installer au Maroc. Elle a rejoint cette dynamique pour sensibiliser sur la complexité de cette question.

« La plupart ne peuvent pas arrêter. Ils peuvent t'emmener en cachette pour te faire exciser. Ils vont dire que c'est une coutume. »

Pour Mariam, ce sont les traditions qui ont poussé sa famille à se résigner quand elle avait 12 ans.

« Chez nous, ils disent que si une fille n'est pas excisée, ce n'est pas bon pour la santé. Ou bien, qu’elle va suivre les garçons partout. »

De ce malheureux événement, Mariam garde le souvenir de la coercition, de la douleur profonde et de l’atteinte à son intégrité physique.

« On te prend par force. Deux ou quatre personnes peuvent t'attraper. Comme ça, tu ne peux pas bouger pour qu’on te coupe. »

Malgré les alertes des professionnels de la santé et de la sensibilisation sur l’impact des mutilations génitales féminines sur les femmes, cette pratique continue de porter atteinte à la santé et à l’avenir de centaines de millions de femmes et de filles de par le monde.

« Certains le font avec des lames, d'autres le font avec des ciseaux. On nous laisse sans médicaments et on nous dit que la blessure finira par guérir d'elle-même. »

Ces témoignages et autres récits de vie sont mis en lumière lors de la mobilisation d’un groupe de femmes éducatrices paires, dont les capacités ont été renforcées pour s’activer auprès des populations migrantes dans la région orientale.

Regina, une de ces femmes leaders, a conduit plusieurs sessions de sensibilisation des femmes migrantes sur la santé sexuelle et reproductive et sur la violence basée sur le genre, pour une meilleure protection de leurs droits, en particulier les survivantes à la violence et aux pratiques néfastes.

« Ces sessions ont eu un impact positif dans le sens où les femmes connaissent désormais leurs droits et savent où se rendre en cas de violence. »