“ COVID-19 a perturbé le Programme National de dépistage du cancer du col de l’utérus ” souligne Dr Salima Dahmani, responsable des Programmes à la Délégation de la santé à Salé et point focal de la formation continue.
Cette situation était très alarmante. D’abord parce que le cancer du col de l’utérus est connu au Maroc pour être le deuxième cancer le plus fréquent chez les femmes après le cancer du sein et ensuite parce que ce cancer reproductif est très meurtrier même à travers le monde.
Heureusement, nous savons aujourd’hui qu’une large majorité des décès suite au cancer du col de l’utérus pourrait être évitée par de simples dépistages.
Ainsi et pour la première fois au Maroc, le Centre de Référence et de détection précoce des cancers du sein et du col de l’utérus à Salé a introduit l’auto-test du human papillomavirus (HPV), dans le cadre d’une étude de faisabilité de l'auto prélèvement vaginal. Il s’agit d’une initiative novatrice visant à augmenter la participation des femmes au dépistage précoce du cancer du col de l’utérus, selon une approche de self-care.
“Il est important d’offrir le meilleur moyen possible pour la qualité du dépistage et de prise en charge dans le cas du cancer du col de l’utérus. C’est un cancer qui peut se soigner s’il est détecté à temps. ” note Dr Loubna Abousselham, Chef du Service de la Prévention et Contrôle du Cancer au Ministère de la Santé et de la Protection Sociale.
Un équipement d’analyse des tests HPV, à la pointe de la technologie, a ainsi été mis en place dans le cadre de cette initiative pilote lancée dans le cadre du Projet ACCESS, mis en oeuvre avec l’appui de l’UNFPA et le soutien du Ministère des Affaires Étrangères du Danemark.
Le test HPV, gold standard
« Le test HPV est le gold standard en matière de dépistage en termes de sensibilité, fiabilité et de spécificité », note Dr Abousselham. Elle explique qu’il est plus efficace pour les femmes de 30 à 65 ans parce qu’il détecte la présence d’ADN du virus HPV à haut risque, favorise le dépistage précoce en détectant les anomalies des cellules du col de l’utérus pour les traiter avant qu’elles n’évoluent en cancer. Aussi, le résultat du test HPV délivré en près d’une heure, permet une consultation médecin/patiente le jour même aidant ainsi à décider d’effectuer des tests complémentaires ou une colposcopie.
Cette initiative pilote qui vient en appui au Programme National de détection précoce du cancer du sein et du col de l'utérus, est lancée au niveau de six centres de santé et établissements de santé primaire.
Entre 2022 et 2023, le Projet ACCESS a appuyé dans deux provinces pilotes au Maroc la formation de 80 professionnels de santé en matière de l'auto prélèvement vaginal pour le dépistage précoce du cancer du col de l’utérus, dans le cadre de l’étude de faisabilité.
Démystifier le dépistage précoce
Fatima Zaitouni, une sage-femme qui a participé à la formation, indique que l’auto-test HPV va démystifier le dépistage précoce, élargir sa couverture et remplacer les pratiques conventionnelles qu’il soit fait par la femme elle-même ou par le professionnel de santé.
D’autres professionnels de santé estiment de leur côté que l’auto-prélèvement HPV peut ramener les femmes dans le circuit de dépistage.
De fait, proposer aux femmes un auto-prélèvement vaginal pour un auto-test de détection du HPV comme alternative au prélèvement cervical par un professionnel de santé va incontestablement changer la donne.
Mais en attendant, plusieurs facteurs sont mis sous la loupe des professionnels de santé dans le cadre de cette initiative pilote tels que la faisabilité, le dispositif utilisé, les modalités, l’approche des femmes cibles, les prises en charge en cas de test HPV positif, le coût, etc. “Nous allons tester les contraintes et les ajustements organisationnels et présenter les résultats aux décideurs pour validation avant une éventuelle mise en place à grande échelle”, précise Dr Abousselham.
Ces histoires humaines et témoignages sont extraits du premier numéro de la revue “Résilience : continuité des services essentiels et autonomisation des femmes et des filles en siatuation de vulnérabilité” parue sur l'impact du Projet ACCESS mis en œuvre au Maroc avec l'appui de l'UNFPA et le soutien du Ministère des Affaires Etrangères du Danemark.