“La pandémie du COVID-19 a perturbé les services de santé sexuelle et reproductive notamment les produits et services de planification familiale et même le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement.” se rappelle Madame Soumia Al Kotbi, infirmière polyvalente au sein du centre de santé de proximité Coelma à Tétouan.
Aujourd’hui, les services de planification familiale dans ce centre sont efficaces et efficients grâce à la digitalisation.
“ L’installation de l’application digitale au niveau de notre centre, nous a permis d’optimiser le système. Aujourd’hui, la digitalisation fait partie de notre quotidien”, souligne Madame Al Kotbi.
Sur son bureau, sont disposés un smartphone professionnel pour l’accès aux informations envoyées sur la plateforme de l’application par les patientes, un ordinateur et autres gadgets numériques qui se mêlent aux ordonnances et aux consommables médicales, reflétant ainsi l’image d’un nouveau type de structure de soins de santé novateur à bien des égards.
“Nous continuons à travailler avec l’application digitale pour assurer un meilleur service de soins en planification familiale et un suivi informatisé de la santé reproductive des femmes, incluant la consultation prénatale et postnatale.”, note Madame Al Kotbi.
La numérisation permet désormais aux professionnels de santé de mener un travail remarquable pour maintenir le service de santé sexuelle et reproductive auprès de la population desservie. Elle permet de suivre activement les femmes enregistrées dans le système, fixer des rendez-vous de consultation, lancer des rappels automatiques et assurer un suivi sur l’utilisation correcte des méthodes contraceptives.
“L’application a changé notre manière de travailler et a aussi amélioré nos conditions de travail et d’accueil surtout avec les prises de rendez-vous qui nous permettent d’éviter des salles d’attentes pleines et prévenir la propagation des infections ou des virus”, précise Madame Al Kotbi.
L’application est implantée au niveau de 30 établissements de soins de santé primaire (ESSP) dans la région de Tanger Tétouan Al Hoceima. Elle est composée de deux solutions informatiques destinées aux prestataires de soins et aux femmes qui peuvent l’installer sur leurs smartphones.
"L’UNFPA et le Ministère des Affaires Étrangères du Danemark contribuent à travers le Projet ACCESS à l’extension de ce modèle digital de relance de la population pour le Programme de santé sexuelle et reproductive au niveau de 15 nouveaux sites dans la région", indique Mohammed Boutmine, Chef de service de l’Observatoire régional de la santé à la Direction Régionale de la Santé et de la Protection Sociale de Tanger- Tétouan- Al Hoceima. Il précise que l’application est scrutée par des professionnels afin d’identifier et corriger les éventuels dysfonctionnements techniques en vue de sa généralisation. "Une trentaine de professionnels de santé ont été formés sur l’utilisation de l’application. Aussi, les femmes se sont appropriées le concept surtout que cela facilite la prise de rendez-vous et les consultations.", ajoute-t-il.
Insertion d’autres modules en perspective
L’application digitale de relance en matière de planification familiale continue d’être améliorée pour répondre à d’autres problématiques et autres Programmes du Ministère. “Le Ministère de la Santé prévoit d’insérer dans l’application digitale un module de suivi de la grossesse, la préparation de l’accouchement en couvrant les périodes pré et post natales et même l’allaitement maternel et l’alimentation du futur bébé”, indique Monsieur Boutmine. La réalisation de ce projet induit, une fois encore, que le virage numérique est bel et bien sur de bon rails.
Dr. Adam Lakai, Chef de Service de la santé publique à la Direction Régionale de la Santé et de la Protection Sociale de Tanger
Le COVID-19 a chamboulé notre façon de travailler. Nous avons dû s’adapter à ce contexte et accélérer la digitalisation. Cette transition a permis à notre système de santé d’assurer la continuité de soins à un moment où l’accent était mis sur le COVID-19, et ce malgré les perturbations des premiers mois. Je cite entre autres la santé sexuelle et reproductive, la planification familiale et l’écoute des femmes violentées pendant la période du COVID-19. Toutes les cellules d’écoute et les assistantes sociales ont été accessibles via les téléphones et des plateformes en ligne. L’appui de l’UNFPA a été très précieux pendant cette période avec notamment l’installation des premières applications digitales en matière de planification familiale dans le cadre d’un projet pilote dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Par la suite, nous avons eu l’occasion de développer d’autres modèles en matière de planification familiale comme la consultation prénatale qui est désormais digitalisée. Il y a aussi le suivi de la femme enceinte. La digitalisation est une nécessité aujourd’hui pour tous les programmes de santé dans la mesure du possible. Elle permet, entre autre, de faire des économies de temps et de ressources, d’améliorer les conditions d’exercice des professionnels de santé, d’avoir la traçabilité des populations cibles et d’utiliser les données pour la gestion des performances et d’améliorer la qualité des soins. C’est l’un des quatre axes primordiaux de la refonte du système de santé marocain.
Ces histoires humaines et témoignages sont extraits du premier numéro de la revue “Résilience : continuité des services essentiels et autonomisation des femmes et des filles en situation de vulnérabilité” parue sur l'impact du Projet ACCESS mis en œuvre au Maroc avec l'appui de l'UNFPA et le soutien du Ministère des Affaires Etrangères du Danemark.