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Pour Btihaj El Hamdouni, inspectrice relevant du Ministère de l'Education Nationale, la sensibilisation à la santé reproductive est évidente et indiscutable et l'introduire dans le programme de la dernière année du cycle primaire est un choix pédagogique et didactique pour renforcer l'éveil de l'enfant en passage à l'adolescence.

En 2020, ce pas d’une importance cruciale est venu appuyer la santé et le bien-être de la jeunesse marocaine et investir davantage dans leurs connaissances par l’éducation en matière en matière de santé sexuelle et reproductive.

Ce choix n'est pas fortuit pour Fouad Chafiqi, expert en sciences de l'éducation et Directeur des Curricula. "Cette démarche répond à une demande sociale voir sociétale. Des enfants de 11 à 13 ans, en fin du cycle primaire, sont généralement en phase de pré-puberté ou en puberté avec des transformations au niveau de leur corps. Mais jusqu’à une date récente, les programmes scolaires n’abordaient ces questions qu’à partir de la 2ème année du collège. De fait, ils n’ont pas suffisamment de connaissances sur le passage de l'enfance à l'adolescence", explique-t-il.  

En effet, la jeunesse marocaine fait face à plusieurs obstacles qui la privent d’un passage sain de l’adolescence à l’âge adulte. Selon les dernières données disponibles, les jeunes ont des rapports sexuels de plus en plus précoces, ces rapports peuvent aussi être non-protégés avec un risque accru d’infections sexuellement transmissibles, de grossesses précoces et avortements à risque. Ces tendances peuvent avoir des conséquences graves, si l’on considère l’accès limité des jeunes à l’éducation, l’information et les services en matière de santé sexuelle et reproductive.

Ces tendances peuvent être inversées avec un accès universel à une éducation complète à la sexualité permettant aux jeunes d’acquérir suffisamment d’autonomie pour préserver leur santé, leur bien-être et leur dignité. Basée sur les droits humains et axée sur l’égalité des genres, l’éducation complète à la sexualité vise à apporter aux enfants et aux jeunes, en fonction de l’évolution de leurs capacités, les connaissances, compétences, attitudes et valeurs qui leur permettront d’avoir une vision positive de leur sexualité. 

Les investissements en matière de l’éducation complète à la sexualité ont également des avantages économiques et permettent de hisser la jeunesse au rang de catalyseur pour la croissance économique et le développement social du pays.

Le Ministère de l’Education a ainsi scellé un partenariat avec UNFPA au Maroc pour l’intégration des composantes de la santé reproductive dans les curricula scolaires de la 6ème année du primaire.

Il s'agit d'un apport d’expertise basé sur les enseignements tirés des pratiques réussies au niveau international en privilégiant une approche participative avec l’ensemble des acteurs, y compris les concepteurs des programmes, les rédacteurs de manuels scolaires, les inspecteurs, les chefs d’établissements et les enseignants, qui ont tous rejoint la direction des curricula dans cette perspective.

A la suite d’un processus de réflexion, une feuille de route a été élaborée et près de 170 cadres pédagogiques ont été formés sur l’intégration de l’éducation à la santé sexuelle et reproductive dans le curriculum scolaire. Cette démarche participative conjuguée à une réflexion et des discussions profondes avec les différents acteurs et experts, a permis d’adapter les contenus aux spécificités culturelles et des différentes attentes exprimées.

Partant du potentiel de ce projet qui touche 700.000 élèves, près de 1000 inspecteurs du primaire et 135.000 enseignants, Fouad Chafiqi souligne le besoin aujourd’hui d’inscrire l'éducation à la santé sexuelle et reproductive dans une continuité d’apprentissages adaptés allant du préscolaire jusqu'à l’enseignement secondaire.

Ces histoires humaines et témoignages sont extraites de la revue “Empreintes féminines : des femmes marocaines nées pour être battantes” éditée sur l'impact du projet de « Promotion des Droits à la Santé Sexuelle et Reproductive des femmes et des filles et de l’Égalité des genres au Maroc » mis en œuvre avec le soutien du Ministère des Affaires Mondiales du Canada.