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« Notre mission, outre l'encadrement, est aussi de produire du contenu scientifique exact et le partager sur les différents supports numériques pour sensibiliser, informer et aussi pour lutter contre les fausses informations. » déclare Sara, éducatrice par les pairs. " J'ai découvert l'éducation par les pairs au lycée lors d'une formation dans le cadre d'un projet des jeunes pour les jeunes en 2005.", explique Sara.

Au sein de la Rabita Mohammadia des Oulama, l’approche de l’éducation par les pairs qui s’adresse aux jeunes, met l'accent sur diverses thématiques dont la violence basée sur le genre. S’appuyant sur les résultats d'une étude analytique sur les concepts de non-violence dans le Coran et la Sunna, des capsules vidéos de sensibilisation ont été produite sur la violence et le mariage d’enfants. Il y a eu aussi la production de représentations caricaturales sur les inégalités hommes/femmes, le harcèlement sexuel, la violence digitale, la violence conjugale, le mariage d’enfants, etc. Ces productions ont servi comme supports de plaidoyer, de sensibilisation et de communication de proximité dans des écoles, des maisons de jeunes, des forums et sur les réseaux sociaux.

À travers ce parcours riche que Sara a pu suivre, ce qui l’a le plus marquée reste la caravane #Jiiilna qui a sillonné différentes régions du Maroc avec à bord une dizaine d'éducateurs par les pairs avec pour objectif de bannir la violence et encourager le dialogue. « L'expérience de la Caravane a été très marquante. Avec les capsules de sensibilisation, les représentations caricaturales et les pièces de théâtre interactif, nous sommes allés à la rencontre des personnes vivant dans plusieurs villages et villes du Royaume ». Sara reste aussi marquée par la rencontre de personnes inspirantes par leur courage et résilience. « On a abordé des sujets sensibles tels que la violence, l'éducation sexuelle et le mariage d’enfants. Les débats étaient simples mais profonds " se rappelle-t-elle. Sara espère pouvoir reprendre la caravane actuellement suspendus à cause de la pandémie du COVID-19.

Oumaima, aujourd’hui journaliste et chroniqueuse, a aussi été marquée par la caravane et sa participation au projet de l'éducation par les pairs. « Je viens d'une région conservatrice du Maroc qui comptait beaucoup de filles qui n'arrivaient pas à poursuivre leurs études. Moi j'ai eu la chance d'avoir l'appui de ma famille qui m'a encouragée. » Oumaima a aussi participé à une série de formations sur l'éducation par les pairs, suivie par des ateliers avec les jeunes et les parents, des expositions et des pièces du théâtre interactif organisés dans le cadre de la caravane #Jiiilna inscrite dans le programme de coopération entre la Rabita Mohammadia et UNFPA.

" J'ai eu également l'occasion de participer à la conception de capsules vidéos et à un court métrage. A cela s'ajoute la richesse des débats et des interactions".  Omaima se rappelle de la richesse des discussions sur les problématiques à laquelle les femmes et les filles sont confrontées sur le terrain pour changer les perceptions sur certaines pratiques courantes qui vont dans le sens de marier les filles très jeunes, les pousser à quitter l’école, restreindre leur potentiel et les limiter à leur rôle reproductif et limiter leur accès aux ressources. "On a expliqué l'importance de laisser les filles suivre leurs études au lieu de les marier jeunes et hypothéquer leur avenir. On a aussi parlé des solutions comme Dar taliba qui peut les héberger en toute sécurité".

Oumaima est convaincue que l'éducation par les pairs est une approche qui donne incontestablement ses fruits. « Les différentes expériences vécus ont impacté ma vie et me guident dans les choix des thématiques à aborder et les problématiques à exposer ", a-t-elle expliqué.

Ces histoires humaines et témoignages sont extraites de la revue “Empreintes féminines : des femmes marocaines nées pour être battantes” éditée sur l'impact du projet de « Promotion des Droits à la Santé Sexuelle et Reproductive des femmes et des filles et de l’Égalité des genres au Maroc » mis en œuvre avec le soutien du Ministère des Affaires Mondiales du Canada.