Le recensement de la population et de l’Habitat est l’une des opérations de coordination les plus complexes et les plus intensives en ressources qu'un État mène en temps de paix, et l'ensemble de cette opération prend normalement un minimum de trois ans pour être achevé. L'utilisation des tablettes permet d'accélérer considérablement le processus en réduisant le temps nécessaire à son achèvement.

Le Maroc est l'un des rares pays à avoir investi de manière significative dans les données démographiques. Sous la direction du Haut-Commissaire au Plan, Monsieur Ahmed Lahlimi, le Maroc dispose de la capacité statistique la plus avancée des régions arabe et africaine, et le Haut-Commissariat au Plan (HCP) accueille régulièrement des statisticiens visiteurs pour des échanges de renforcement des capacités. Avec le soutien de l'UNFPA, le Maroc est actuellement le seul pays du continent à rapporter des indicateurs des Objectifs de Développement Durable (ODD) aux niveaux national et provincial.

Le HCP possède déjà des logiciels propriétaires et a investi dans la technologie géospatiale, des données d'imagerie satellite contribuant au géoréférencement de 4 138 900 constructions entre logements et bâtiments administratifs et de services.

Poursuivant son adoption des nouvelles technologies pour faciliter la collecte de données démographiques, le HCP a adopté la collecte par enquête personnelle assistée par ordinateur (CAPI) pour le recensement de 2024, améliorant ainsi de manière significative les processus de recensement, la qualité des données et l'accès en temps opportun aux données du recensement. Avec le soutien de l'UNFPA, le recrutement des agents recenseurs a été effectué numériquement, suivi de formations en ligne. L'équipe finale du recensement de 2024 se compose de 41 300 agents recenseurs (dont 18 300 femmes), 11 500 contrôleurs (dont 1 700 femmes) et 1 000 superviseurs municipaux (dont 200 femmes). Ces hommes et femmes couvriront une population estimée à 38 millions de personnes, subdivisée en 37 108 districts de recensement.

Alors que le Maroc lance le Recensement de la Population et de l'Habitat de 2024 du 1er au 30 septembre, il est utile de réfléchir à l'importance de cette activité majeure pour le développement, ainsi qu'à l'évolution de la collecte des données démographiques au cours des dernières décennies.

En 1994, la Conférence Internationale sur la Population et le Développement a souligné l'importance de la ventilation par sexe et des données plus précises sur le statut social et économique des femmes. La nécessité de données démographiques désagrégées est encore plus urgente aujourd'hui. En 2014, le Secrétaire général de l'ONU a appelé à une révolution des données, encourageant les gouvernements à suivre les progrès des ODD. En fait, 107 des 232 indicateurs des ODD nécessitent des données démographiques comme dénominateur.

L'objectif fixé était qu'en 2020, tout pays soit capable d'identifier et de localiser les personnes les plus laissées pour compte pour tout indicateur des ODD et soit donc en mesure de cibler les interventions pour celles qui en ont le plus besoin. Cela servirait également de base de référence pour mesurer le changement.

Aujourd'hui, l'écart de données démographiques s'est encore creusé entre le Nord et le Sud. C'est vrai en termes de bases de données, mais aussi sur la manière d'analyser, de diffuser et de transformer les données en connaissances publiques pour le développement.

En même temps, notre monde a été transformé par des mégatendances et des défis émergents telles que le vieillissement de la population et le ralentissement de la croissance, les menaces croissantes contre les droits reproductifs, l'émergence de débats autour des questions de genre, l’accélération de l'urbanisation et la crise climatique. Bien que la technologie ait amélioré nos capacités, elle pourrait également creuser les inégalités et causer des dommages si elle n'est pas conçue et déployée de manière équitable.

Les données démographiques viennent ainsi satisfaire le besoin de répondre à ces mégatendances et défis. En disposant des données actualisées sur les normes sociales changeantes, les structures familiales, la mobilité, l'environnement, les déterminants d'un vieillissement en bonne santé, etc., les pays détiennent la capacité d’assurer le bien-être de leurs populations et le développement inclusif.