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Quand des femmes relais partent à la rencontre des communautés les plus éloignées

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Histoire

Quand des femmes relais partent à la rencontre des communautés les plus éloignées

calendar_today 02 Mai 2024

Quand des femmes relais partent à la rencontre des communautés les plus éloignées
Quand des femmes relais partent à la rencontre des communautés les plus éloignées

“J’ai personnellement vécu l’isolement géographique au début de ma carrière en tant que médecin dans la province de Midelt. En hiver, les routes étaient bloquées par la neige et je me sentais coupée du monde.” se rappelle Dr Fatima Tijani, “C’est quand j’étais enceinte que j’ai particulièrement senti l’ampleur du problème.” confie-t-elle. 

Aujourd’hui responsable du Service de l’Observatoire au niveau de la Direction Régionale de la Santé et de la Protection Sociale à Beni Mellal, Dr Tijani travaille avec des personnes relais communautaires qui vont à la rencontre des femmes rurales qui vivent dans les zones les plus éloignées afin de les sensibiliser en matière de soins de base, avec une attention particulière à la santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale et le suivi des grossesses.

Malika, une relais communautaire, aborde aussi la question de l’isolement pendant les périodes de froid et de neige comme étant un des défis les plus pressants. “ C’est pendant cette période que les gens ont le plus besoin de nous.” nous dit-elle. 

Cette approche de proximité qui sauve des vies est appuyée dans le cadre du Projet ACCESS, mis en œuvre avec l’appui de l’UNFPA et le soutien financier du Ministère des Affaires Étrangères du Danemark. 

Des sessions de formations sont organisées au profit de ces personnes relais communautaires afin d’enrichir leurs connaissances et de renforcer leurs capacités pour mieux informer les femmes rurales, les sensibiliser au mode de vie sain et les orienter vers les services de santé adéquats.

Une approche de proximité qui sauve des vies

« Les jeunes femmes qui ont un niveau d’instruction sont très attentives par rapport au suivi médical et l’accouchement dans les structures de santé » constate Touda, une relais communautaire. Cependant, nombreuses sont les femmes les plus âgées qui continuent d’influencer leurs filles ou leurs belles-filles pour accoucher à domicile, une pratique courante en montagne selon Touda.

Touda sensibilise ainsi sur l’importance de l’accouchement en milieu surveillé permettant d’éviter le risque de la mortalité maternelle et néonatale et oriente les femmes enceintes vers les maisons d’accouchement les plus proches. “La prise en charge par des professionnels de santé est assurée dans des maisons d’accouchement de proximité notamment à Ait M'hamed ou Zaouiat Ahansal”, précise-t-elle. 

Touda confie que le fait de parler la langue maternelle locale facilite la communication. Ne s’exprimant qu’en amazighe, Touda précise que les formations dispensées et expliquées dans sa propre langue, lui permettent de mieux comprendre et transmettre les informations adéquates. 

Dr Tijani a par ailleurs mis en place un jeu de rôles pour permettre à ces femmes relais de mieux assimiler les informations transmises « J’explique en dialecte marocain et elles doivent répéter en langue amazighe pour ne pas se tromper une fois sur le terrain», précise-t-elle. 

Les plus jeunes s’engagent en première ligne 

De leur côté, les jeunes Naima et Fatima, autres relais communautaires, vont d’un domicile à un autre pour prodiguer conseil en matière de santé sexuelle et reproductive.

“Je suis relais depuis plus de deux ans et j’apprends avec des formateurs médecins ou infirmiers. Cette année, les formations sont orientées vers les femmes mariées et enceintes.”, dit Naima. Elle poursuit en affirmant que le travail sur le terrain n’est pas facile mais qu’elle persiste à partager avec les femmes et filles de son Douar et les alentours ce qu’elle apprend en matière de santé et elle en est fière. « Aujourd’hui, j’ai 22 ans et je fais le suivi avec une quarantaine de femmes que je sensibilise par rapport à la santé maternelle ». 

Fatima, âgée de 19 ans, est l’une des plus jeunes personnes relais communautaires. Elle raconte qu’elle s’organise pour faire des visites à domicile chez les femmes du Douar ou elle les contacte par téléphone en cas de besoin. Pour elle, l’orientation peut sauver des vies surtout dans les zones les plus éloignées.

M. Mostapha Bounadi, Chef de service de l’offre des soins à la Direction Régionale de la Santé et de la Protection Sociale précise que trois indicateurs sont identifiés pour évaluer la pertinence des relais communautaires sur le terrain. Il s’agit de l’augmentation du nombre d’accouchement en milieu surveillé, l’amélioration de l’attractivité des maisons d’accouchement et l’adoption par la population d’un mode de vie sain.

Ces histoires humaines et témoignages sont extraits du premier numéro de la revue “Résilience : continuité des services essentiels et autonomisation des femmes et des filles en situation de vulnérabilité” parue sur l'impact du Projet ACCESS mis en œuvre au Maroc avec l'appui de l'UNFPA et le soutien du Ministère des Affaires Etrangères du Danemark.