Vous êtes ici

Généralement majoritaires au sein du personnel soignant, beaucoup de femmes travailleuses de la santé, sont en première ligne pour contribuer à la lutte contre la propagation du coronavirus depuis son apparition il y a plus de deux ans.

Aujourd'hui, à l'occasion de la journée internationale de la sage-femme, une manifestation instaurée afin de rappeler le rôle central de cette profession, UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la Population, au Maroc partage les histoires de ces professionnelles qui font tout pour sauver les femmes et les nouveau-nés.

Rachida El Mahjoubi, Sage-femmes en Chef de la maternité de l’Hôpital Mohamed V de Tanger fait partie de ces femmes toujours à pied d’œuvre dans les établissements de santé à l’épreuve de la Covid-19. « Les premiers jours de la propagation du virus ont été très pénibles pour moi et mes collègues et marqués par un grand stress, inquiétude et anxiété. Mais on devrait se mobiliser pour la santé des femmes qui continuent de tomber enceintes et d’accoucher », souligne cette responsable d’un pool de sage-femmes, infirmier (e)s et d’infirmer(e)s pédiatriques. Il fallait continuer à assurer la sécurité des mères et des nouveau-nés tout en gérant l’épidémie. La charge du travail devient par ailleurs excessive et épuisante émotionnellement.

On ne compte plus les longues heures de travail effectuées jour et nuit. C’était déjà difficile avant mais dans le cadre de la situation d’urgence à cause du Covid-19, nous étions épuisées et aussi inquiètes. 

Elle précise qu’il était important dans ce contexte d’essayer de s’adapter tout en restant en bonne santé. Pour elle, le Dispositif Minimum d’Urgence (DMU) en santé reproductive dans les situations de crise lui a été d’une grande utilité. 

Je me suis vite rendu compte à quoi peut servir le Dispositif Minimum d’Urgence (DMU) en santé reproductive dans les situations de crise. Ce dispositif nous a énormément aidé avec mes collègues à mieux gérer le stress des premiers jours de l’épidémie et à  prioriser les tâches pour assurer l’accompagnement des femmes en détresse

Le Dispositif Minimum d’Urgence (DMU) en santé reproductive dans les situations de crise communément dénommé au niveau international MISP/RH : Minimum Initial Service Package for Reproductive Health in Emergencies, est en fait un ensemble coordonné d’activités multisectorielles prioritaires d’urgence conçues dans le but de prévenir la surmortalité, la sur-morbidité maternelles et néonatales et la violence sexuelle et de réduire la transmission du VIH chez la population durant une situation de crise. MISP a montré son importance lors du déclenchement de l’épidémie et a permis aux sages-femmes ayant participé à cette formation comme Rachida de ne pas lâcher prise. 

« Cette formation nous a permis, dans cette situation d’urgence, de répondre convenablement aux besoins en santé des personnes vulnérables notamment les femmes enceintes qui vivaient une grande peur du virus.» confie Rachida. 

Amina Al Ammari, sage-femme à la maternité de Tanger confirme de son côté que le dispositif MISP lui a permis de travailler aisément dans le service Covid.

J’ai été la première bénévole chez les sages-femmes pour être aux chevets des malades positifs au Covid-19. Je n’ai pas trop réfléchi. Pour moi c’est un devoir d’assurer un meilleur accès aux services obstétricaux d’urgence, la planification familiale et les soins pour les femmes infectées positives au Covid-19. 

« Dans le contexte du Covid, ce dispositif nous a incontestablement aidé à résister à la pression, à gérer le stress et la communication avec les femmes touchées. Les kits mis à à la disposition du personnel soignant et des femmes, nous ont aussi permis de travailler dans les meilleures conditions. Nous sommes reconnaissantes pour cet appui combien précieux que nous avons eu à temps », a-t-elle ajouté. 

Des femmes pour défier la pandémie

La pandémie a pris de court le monde entier et a mis à rude épreuve systèmes et personnels de santé qui était en première ligne. Faiza Benbaha Sage-femme en chef au CHU de Marrakech garde un souvenir amer lorsque le coronavirus est arrivé jusqu’aux salles d’accouchement. 

« On pensait que c’est passager mais quand les services de prise en charge du Covid-19 commençaient à prendre plus de place au sein des établissements de santé jusqu’aux salles d’accouchement et que les urgences se remplissaient, on s’est rendu compte que la pandémie est bel et bien installée », explique Faiza qui se souvient des premières femmes enceintes atteintes de Covid-19, des examens gynécologiques, des accouchements, leurs préparatifs dans un état second. « Nous étions mobilisés parfois pendant des heures pour s’occuper des patientes enceintes surtout les cas urgents souffrant de fièvre et difficultés respiratoires à cause de la maladie », raconte Faiza. Le mode de l’exercice a changé avec de nouvelles répartitions du travail, l’adaptation des plannings aux besoins des unités de santé, et l’isolement des services dédiés au Covid. 

Les premiers jours, le DMU en santé reproductive dans les situations de crise m’a beaucoup aidé à m’organiser avec mon équipe de 40 sages-femmes, à prioriser les actions urgentes et à gérer mon stress, celui de mon équipe et des patientes. Les premiers Kits de protection ont aussi beaucoup rassuré le personnel soignant.  

 Avec son expérience depuis 2004 en tant que sage-femme praticienne et manager, cette cheville ouvrière de la maternité ne compte pas baisser les bras. Elle est à l’affût des informations et des formations pour améliorer le destin des femmes.

UNFPA accompagne les associations de sages-femmes pour renforcer et valoriser les compétences de ces professionnelles de première ligne, pour un service de santé reproductive répondant aux normes de qualité et garantissant le plein respect des droits. Cette collaboration est axée sur le plaidoyer pour la création de l’ordre national des sages-femmes et l’adoption des arrêtés législatifs régissant la profession, la promotion de la profession sage-femme à travers une feuille de route claire des prestations et des attributions et la mobilisation des partenaires pour plus d’investissements dans la profession de sage-femme.

En réponse au déclenchement de la crise du COVID-19, L’Opération SALAMA lancée par UNFPA a renforcé les capacités de 700 professionnels de santé, y compris des sages-femmes, pour assurer la continuité des services et soins de santé maternelle et néonatale. Une dizaine de milliers de kits de protection ont aussi été mis à la disposition des populations les plus à risque, y compris le personnel de santé de première ligne.

Ces histoires humaines et témoignages sont extraites de la revue “Empreintes féminines : des femmes marocaines nées pour être battantes” éditée sur l'impact du projet de « Promotion des Droits à la Santé Sexuelle et Reproductive des femmes et des filles et de l’Égalité des genres au Maroc » mis en œuvre avec le soutien du Ministère des Affaires Mondiales du Canada.