Après mes études supérieures en biologie, j’étais d’abord destinée à travailler dans un laboratoire des sciences biologiques. C’est en côtoyant de près une infirmière accoucheuse à Meknès, que dieu ait son âme, que je me suis rendue compte que mon intérêt était plus fort pour ce noble métier.
Madame CHEBABE MILOUDA nous raconte son parcours d’exception de la pratique à l’enseignement des sciences de la sage-femme.
La sage-femme porte une grande responsabilité de la vie de deux êtres humains. C’est aussi beaucoup de bonheur que d’être la première personne qui reçoit un bébé et de pouvoir soulager les douleurs d’une femme avant l’accouchement.
Les sages-femmes font un travail qui peut sauver d’innombrables vies de femmes et de nouveau-nés dans le monde. En effet, chaque année, 340,000 femmes continuent de mourir pendant la grossesse et l'accouchement et 3 millions de bébés ne survivent pas au premier mois de vie.
Plus des deux tiers de ces décès maternels et néonatals auraient pu être évités s’il y avait un nombre suffisant de sages-femmes qualifiées et bénéficiant de ressources adéquates à travers le monde.
C’est en 1998 que j’ai effectué mon premier accouchement. C’était un petit garçon qui doit avoir 20 ans aujourd’hui.La pratique sage-femme m’a beaucoup appris. Être amenée à travailler avec des moyens limités a forgé mon autonomie et ma créativité. J’ai aussi développé mon sens de l’écoute et une grande disponibilité.
Je m’inspire également de la pratique sage-femme à l’international. J’ai passé des stages et formations dans d’autres pays comme le Japon, la Singapour et la Belgique où j’ai beaucoup appris sur la préparation à la naissance et sur les techniques servant à soulager la douleur.
Au Maroc aussi, les sages-femmes peuvent accélérer le progrès incontestable réalisé en matière de la réduction des mortalités maternelles et infantiles, en particulier dans le milieu rural où réside le plus grand défi des 2/3 des mortalités maternelles.
Aujourd’hui j’exerce la fonction de professeur de l’enseignement supérieur dans le domaine des sciences de la sage-femme, je continue à apprendre avec mes étudiantes. J’encadre chaque année 30 nouvelles et nous sommes des plus heureuses de pouvoir explorer ensemble de nouveaux projets, de nouvelles recherches et de riches expériences.
J’apprends à mes étudiantes d’assurer un bon accueil et une bonne écoute et surveillance des femmes enceintes pour mieux préparer leurs accouchements et les encourager à accoucher en milieu surveillé. Je leur apprends aussi comment faire un suivi rapproché, humaniser les soins et surmonter la charge de travail. Je les prépare également aux conditions de travail difficile, notamment dans les zones rurales ou éloignées.
Toute femme mérite d'avoir accès aux soins de haute qualité, dispensés par une sage-femme formée et qualifiée. Agissant en proximité avec la population, la sage-femme accompagne et conseille les femmes avant, pendant et après la grossesse et l'accouchement.
Pour cela, UNFPA agit en collaboration avec plusieurs partenaires pour soutenir la formation des sages-femmes et des investissements plus importants pour accroître leur nombre et améliorer la qualité et la couverture de leurs services.
En 2001, je me suis retrouvée devant une complication d’accouchement, où les vies de la femme et de son bébé étaient en jeu. Cette jeune dame est arrivée à la maison d’accouchement en dilatation complète avec présentation de siège et il fallait la référer de toute urgence à l’hôpital. Mais, peu de temps après avoir pris la route, elle a commencé à pousser. J’étais donc obligée d’arrêter l’ambulance et d’effectuer l’accouchement moi-même. Le médecin gynécologue a assisté par téléphone et la femme a donné naissance à un beau petit garçon. Fraîchement diplômée, j’étais très fière car j’ai pu sauver la mère et le nouveau-né dans une région montagneuse.
Les soins de qualité de la pratique sage-femme sont respectueux et axés sur les besoins des femmes et de leurs nouveau-nés, et ces soins sans risque sont prodigués par des sages-femmes bienveillantes.
Il est primordial de reconnaitre la pratique sage-femme comme une profession autonome pour que les sages-femmes puissent acquérir les compétences requises et fournir les soins nécessaires pour les femmes et les nouveau-nés.
La sage-femme a un champs d’intervention très large. Il ne se limite pas à l’acte de l’accouchement. Elle assure ainsi également le diagnostic, le suivi de la grossesse, le suivi de l’enfant, la vaccination, le postpartum et l’accompagnement psychologique et physique de la femme.
Une sage-femme qui dispose de locaux adéquats, d’une installation convenable et de moyens techniques suffisants peut mieux accompagner les femmes avant, pendant et après l’accouchement.
UNFPA soutient l’application de la nouvelle réglementation de la pratique sage-femme pour leur permettre de travailler sans relâche avec les femmes et les filles et fournir les meilleurs soins possibles en matière de santé sexuelle et reproductive.