"Je suis tombé enceinte de mon troisième enfant et c’était difficile à accepter. J’avais déjà deux enfant et notre situation financière ne permettait pas d’en avoir un autre", raconte Zahra employé dans une usine de textile à Tanger.
En plein confinement lié à la pandémie du COVID-19, Zahra se rappelle comment elle allait d’une pharmacie à une autre pour chercher la pilule contraceptive dès la levée des restrictions.
"Je galérais avec la pilule et il fallait gérer les oublies, le stress de la pandémie et les difficultés financières et finalement une grossesse non désirée."
Comme Zahra, nombreuses étaient les femmes vulnérables, privées de moyens de contraception qui se sont retrouvées confrontées au risque des grossesses non intentionnelles mettant à l’épreuve les familles, qui étaient déjà en difficulté à cause de la pandémie.
Contraception à l’épreuve de COVID-19
“L’épreuve de COVID-19 a incité certaines femmes à revoir leurs moyens de contraception.” reconnaît le Dr. Soussi Nouaimi Fatima Zahra, médecin-cheffe responsable au centre de référence en santé sexuelle et reproductive et détection des cancers Lalla Salma.
Elle explique que l’accès aux moyens de contraception perturbé suite au confinement a eu pour impact un nombre élevé de grossesses non intentionnelles, enregistrées surtout chez les femmes qui prenaient la pilule. “Les femmes se présentaient dans les centres de santé en détresse psychologique. Certaines ont même essayé de se faire avorter par des moyens traditionnels pendant la pandémie”, raconte -t-elle.
Pour faire face à cette situation, l’élargissement de la gamme des méthodes contraceptives et, particulièrement, l’utilisation des moyens de contraception de longue durée se présente comme une solution miracle, une voie qui permettra de mettre fin aux besoins non-satisfaits en matière de planification familiale.
Le DIU pour mieux mieux planifier la grossesse
Avec un taux d’utilisation des moyens de contraception de longue durée ne dépassant pas les 8%, Dr Soussi Nouaimi insiste sur l’intérêt de renforcer les compétences des professionnels de santé en la matière, à l’image de la série de formations organisée sur le Dispositif Intra-Utérin (DIU) réalisées dans le cadre du Projet ACCESS, mis en œuvre avec l’appui de l’UNFPA et le soutien financier du Ministère des Affaires Étrangères du Danemark.
Ces formations qui viennent en appui à la Stratégie Nationale de la Santé Sexuelle et Reproductive, ont réuni à Tanger un pool de médecins et de sages-femmes autour du
DIU, une méthode contraceptive qui séduit de plus en plus les femmes, adeptes pourtant de la pilule.
Sara Rachoumi, sage-femme dans un centre de santé à la commune Zoumi, région de Ouazane, confirme pour sa part cette tendance. « Les femmes qui se présentent au centre de santé veulent désormais des moyens plus efficaces et de longue durée et se renseignent sur le stérilet, son fonctionnement, la pose et les effets secondaires ». Elle souligne que l’épreuve de COVID-19 a balayé la stigmatisation et les idées reçues sur le DIU même si une grande majorité des femmes se fient toujours à la pilule.
Mon fils a aujourd’hui trois ans et j’ai décidé de me faire poser un stérilet. Le bon accueil du personnel au centre Lalla Salma m’a aidé de passer à l’action », confie Zahra.
Pour le Dr. Houda Ouazani Touhami, médecin généraliste au centre de santé rural de Stehat de la région de Chefchaouen, il y a un grand intérêt à élargir la gamme des méthodes contraceptives pour répondre aux besoins de toutes les femmes. « Les femmes sont assez sensibilisées par rapport à la question de la planification familiale même dans le monde rural et elles veulent des contraceptifs qui les protègent le plus longtemps possible de grossesses non désirées et qui conviennent le plus à leur santé et bien-être. », explique-t-elle.