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Des mères en classe pour mieux vivre leur maternité

Des mères en classe pour mieux vivre leur maternité

Histoire

Des mères en classe pour mieux vivre leur maternité

calendar_today 11 Décembre 2024

Une femme allaite son bébé avec l'aide d'une sage-femme
UNFPA Maroc

“J’attendais mon troisième enfant mais c’était comme une première fois. Les restrictions sanitaires et le fait de vivre en montagne accentuaient mon stress et mes inquiétudes”, se rappelle Khadija une femme vivant à Immouzer, une Ville dans la Région de Fès.

La peur, le stress et la solitude ont marqué la grossesse de Khadija pendant la période du COVID-19. Elle avait peur des complications surtout qu’elle souffrait également d’épilepsie.

“Aujourd’hui, je ne rate aucune séance de classe des mères parce que je veux comprendre toutes les étapes de ma grossesse pour les vivre plus sereinement”, raconte Khadija, aujourd’hui enceinte de son quatrième enfant.

Fatima, maman d’une fille de 4 ans, a aussi vécu une grossesse spéciale lors de cette période. “Ce que j’ai vécu me sert de leçon. Je suis enceinte de mon second enfant et je profite de la proximité du centre de santé pour le suivi de ma grossesse et pour assister aux classes des mères. Je les note d’ailleurs sur mon carnet de santé pour ne pas oublier parce que j’y apprends des choses sur la grossesse, l’allaitement maternel, l’hygiène et sur la santé maternelle”. Pour Fatima, l’échange avec les autres femmes est bénéfique parce qu’elles abordent plusieurs questions pertinentes sur la santé maternelle.

Le Dr. Issam Kadmiri, Chef des services du réseau des établissements de santé à la province de Sefrou, souligne que l’impact positif des classes des mères sur la réduction de la morbidité et la mortalité maternelle est enregistré à travers l’amélioration de certains indicateurs comme l’augmentation du taux d’accouchement en milieu surveillé notamment dans les maisons d’accouchement, le changement des comportements à risque en matière de suivi de grossesses et vis-à-vis de la  petite enfance, la fidélisation des femmes pour le suivi prénatal au niveau des centres de santé ainsi que le taux d’utilisation du carnet de santé de la femme.

Pour lui, l’appui du Projet ACCESS mis en œuvre avec l’appui de l’UNFPA et le soutien du Ministère des Affaires Étrangères du Danemark, permet de redynamiser la classe des mères en post COVID-19 et d’adopter le nouveau modèle de soins prénatals pour la détection précoce des grossesses à haut risque. Prévu dans le cadre de la Stratégie d’élimination des décès maternels évitables.

Pour arriver à atteindre ce résultat transformateur, les classes des mères organisées au sein du centre de santé d’Immouzer relevant de la province de Sefrou, mettent l’accent sur la consultation prénatale et l’accouchement en milieu surveillé. “Les séances de sensibilisation des classes sont aussi l’occasion d’aborder des questions diverses notamment sur les idées reçues et dont on hésite à en parler seule avec le médecin ou la sage-femme », explique Malika Hanine, responsable de la Consultation prénatale et sage-femme de profession.

La parole se libère en fait avec l’effet du groupe et les femmes parlent aussi sans tabou des désagréments de la grossesse, des dépressions pré et post natales et veulent comprendre comment vivre leurs grossesses avec des maladies comme le diabète ou l’hypertension. “Chaque séance est consacrée à une thématique sur la santé maternelle. Les discussions par la suite peuvent aller très loin et même sur les questions les plus intimes. Et puis cela se déroule dans un cadre convivial et surtout entre femmes”, ajoute Malika.

L’UNFPA contribue à travers le Projet ACCESS, à la formation de professionnels de santé (médecins généralistes et sages-femmes) aussi bien sur le dépistage et prise en charge des grossesses à haut risque que pour donner un nouveau souffle à la classe des mères et recruter de nouvelles bénéficiaires, dont Fatima Zahra fait partie.

“Je suis enceinte et j’ai déjà deux filles. Je suis universitaire de formation mais je ne savais pas grand-chose sur la maternité alors je veux me rattraper en classe des mères”, confie-t-elle.

Hasnaa, une autre nouvelle bénéficiaire affirme que la classe des mères lui était bénéfique “ Mme Malika m’a convaincue d'assister aux séances de sensibilisation, et depuis je ne cesse d’apprendre”, dit Hasnaa qui vit désormais sa grossesse avec confiance et sérénité.

Malika Hanine, Sage-femme

“J’ai travaillé dans des conditions extrêmes à une époque où il y avait peu de moyens avec de longues périodes de froid et de neige. Les conditions sont aujourd’hui meilleures” Dit Malika Hanine, une sage-femme réputée à Immouzer. “Je suis originaire de cette ville montagnarde et je connais presque tout le monde.” Spontanée, bienveillante et toujours souriante même dans les moments les plus difficiles, Malika est très appréciée par ses jeunes collègues pour son engagement. “Une femme enceinte lors de l’accouchement est fragile. Elle est souvent submergée par des sentiments de peur et de doutes. Il faut la rassurer pour mettre au monde son bébé sain et sauf.” Sa proximité avec la population est certainement un de ses points les plus forts. “Il m’est arrivé de voir passer par les salles d’accouchement les mamans et leurs filles devenues mamans à leurs tours. Là, les émotions sont très fortes”, confie-t-elle. Malika a vu naitre des centaines et des centaines de bébés dans sa carrière de sage-femme depuis plus de 20 ans. Une carrière récompensée par le grand respect de ses collègues, l’estime des femmes et des hommes de sa ville et aussi par le premier prix de performance remis par le Ministère de la Santé et de la Protection Sociale pour la sage-femme dont elle est si fière.

Ces histoires humaines et témoignages sont extraits du premier numéro de la revue “Résilience : continuité des services essentiels et autonomisation des femmes et des filles en siatuation de vulnérabilité” parue sur l'impact du Projet ACCESS mis en œuvre au Maroc avec l'appui de l'UNFPA et le soutien du Ministère des Affaires Etrangères du Danemark.