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Durant ses 25 ans de vie conjugale, Kebira* a enduré violences physiques et verbales, manque de moyens, doutes et menaces de mort. Kebira a pensé au divorce mais sa famille lui en dissuadait continuellement. Ne voulant pas être la honte de son entourage, Kebira et ses enfants ont vécu l’enfer.

J’étais cassée, je me sentais seule et j’avais l’impression que toutes les portes étaient fermées.

Mère de quatre enfants, Kebira n’a jamais eu recours à la contraception. Son mari s’y opposait catégoriquement. Sa sœur, elle, avait accouché de 9 enfants à la maison car son époux s’opposait lui aussi à la planification familiale et à l’accouchement en milieu surveillé.

Ma sœur est décédée très jeune. Elle a eu deux enfants en situation de handicap qui sont tout le temps enfermés à la maison.

Selon l'Enquête Nationale sur la Population et la Santé Familiale menée en 2011, 41,1% des femmes mariées n’ont jamais discuté de la planification familiale avec leurs maris. Ces derniers contrôlent seuls la décision de l’utilisation de la contraception dans 18,7% des cas et ils la refusent même à leurs femmes qui veulent l’utiliser dans 2,5% des cas (3,8% au rural et 1,3% en urbain).

Aujourd’hui, divorcée, Kebira regrette de ne pas avoir pris sa décision plus tôt. C’est en larmes, que Kebira nous dit qu’elle se sent coupable aujourd’hui parce que son fils a abandonné l’école dès le primaire pour travailler.

 Mon mari n’a jamais voulu assumer les charges du foyer. Mes deux enfants ont dû abandonner l’école très jeunes pour m’aider à subvenir aux besoins de la famille.

C’est la fille de Kebira qui a rompu le silence quand elle a été battue par son père. Kebira a ainsi eu recours à un centre multifonctionnel pour les femmes survivantes à la violence. L’appui qu’elle a eu dans ce centre lui a permis d’être plus confiante et de mieux connaître ses droits.

Au sein du Centre, j’ai bénéficié du conseil et de l’appui psychologique et j’ai aussi été accompagnée dans les démarches judiciaires.

Kebira vit encore sous la menace de son ex-mari pour qu’elle renonce à la pension alimentaire pour ses deux plus jeunes enfants. Cette fois elle ne se laisse pas intimider car elle a la ferme conviction qu’ « On ne doit jamais fermer les yeux sur la violence. »

L’UNFPA appuie le renforcement de la disponibilité et de l’accès à des services essentiels, y compris les services sociaux de qualité, nécessaires à l’autonomisation des femmes survivantes à la violence.

L’UNFPA plaide également pour un accès universel au droit fondamental à la planification familiale et agit en partenariat avec le Ministère de la Santé et les associations de sages-femmes pour que toutes les grossesses soient désirées et que tous les accouchements soient sans risque.

Si Kebira était convaincue que la violence constituait le quotidien de toutes les femmes, elle croit aujourd’hui qu’« Aucune femme ne doit se retrouver seule face à la violence ». Armée de courage et de confiance, elle en fait profiter d’autres femmes survivantes à la violence pour les encourager à sortir du silence et prendre leur avenir en main.

* Nom changé pour confidentialité